Le Bèlè en Martinique

Le bèlè est bien plus qu’une simple musique martiniquaise. 

Héritée des ancêtres africains réduits en esclavage, cette pratique artistique emblématique unit danse, chant, percussions et conte en une seule expression culturelle puissante.

Origines du mot et des rythmes

Le terme bèlè viendrait d’un dialecte Ewe d’Afrique de l’Ouest, où il signifie « l’art de soigner ». Une origine symbolique, car le bèlè soigne l’âme par le mouvement, le rythme et la communion.

Son instrument central, le tambour bèlè, parfois appelé « tanbou bèlè », trouve ses racines au Dahomey (actuel Bénin). 

Ce tambour, autrefois nommé djouba, a voyagé jusqu’en Haïti avant de s’enraciner en Martinique.

Une symphonie entre danseurs et musiciens

Au cœur du bèlè, un dialogue vivant se tisse :

• Un chanteur-preneur de parole lance des chants improvisés
• Le public, appelé « répondè », répond en chœur
• Le tanbouyé, joueur de tambour, accompagne la scène
• Le joueur de ti-bwa rythme la danse à l’aide de deux baguettes frappant la partie arrière du tambour.

Ce jeu d’échanges crée une atmosphère vibrante où chaque geste et chaque battement racontent une histoire.

Sainte-Marie, berceau du bèlè en Martinique

La commune de Sainte-Marie est considérée comme le berceau du bèlè. C’est ici que s’est développée cette pratique musicale et chorégraphique, véritable pilier de l’identité culturelle martiniquaise.

Comme le gwo-ka en Guadeloupe, le bèlè a évolué en s’enrichissant d’instruments modernes, tout en conservant sa dimension spirituelle et communautaire.

Artistes emblématiques du bèlè

Beaucoup d’artistes martiniquais ont contribué à faire rayonner cette tradition :

• Eugène Mona,
• Ti-Émile,
• Ti-Raoul Grivallier,
• Marcé,
• Dédé Saint-Prix
• Sully Cally...

Figurent parmi les plus grands ambassadeurs du bèlè martiniquais à travers le monde.

Les deux grands styles de bèlè

On distingue aujourd’hui deux styles principaux de bèlè en Martinique :

• Le Bèlè du Nord (Bèlè Dinô) : le plus répandu, il est enseigné dans de nombreuses écoles et associations culturelles,
• Le Bèlè du Sud (Bèlè Lisid) : plus confidentiel, il est principalement pratiqué aux Anses-d’Arlet, notamment par l’association Tradisyon Nou.

La Maison du Bèlè : gardienne du patrimoine

À Sainte-Marie, La Maison du Bèlè perpétue cet héritage inestimable. Ce lieu culturel met en valeur l’histoire, les rythmes, la danse et les symboles du bèlè, tout en accueillant des formations et des spectacles dédiés à cette tradition martiniquaise séculaire.

Le bèlè, un art de vivre martiniquais

Ancré dans les racines africaines, mais profondément martiniquais, le bèlè incarne la résistance, la mémoire et la joie collective. 

Chaque tambour résonne comme une célébration de la liberté et de l’identité créole.