Naissance | 06 mars 1904 |
Àge | 120 ans |
Félix Oculi Lorne, né le 6 mars 1904 à Sainte-Marie en Martinique, est l'une des figures les plus marquantes de l’histoire de cette commune. Sa vie, marquée par le dévouement, la pédagogie et le courage, s’est achevée tragiquement le 3 mars 1950, lorsqu’il se noie en sauvant trois de ses élèves.
Héros local, il reste un modèle d’engagement et de sacrifice pour les générations actuelles.
Les Premières Années de Félix Lorne
Originaire du quartier Pérou à Sainte-Marie, Félix Lorne est né dans une famille modeste. Son père, Édouard Joseph Lorne, était agriculteur, tandis que sa mère, Cassildé Clémence Jeanne, travaillait comme couturière. Le jeune Félix grandit aux côtés de ses deux sœurs, Léonie et Rosalie, dans une petite case typique de l’époque. Malgré les conditions de vie modestes, il développe très tôt un fort sens des responsabilités, jouant souvent le rôle de chef de famille.
Félix suit sa scolarité au bourg de Sainte-Marie. Il obtient son Certificat d'Études Primaires en juin 1918, malgré les défis de l'époque post-guerre. Brillant élève, il réussit également son Brevet Élémentaire, avant de décrocher une bourse qui lui permet d’intégrer le prestigieux Lycée Schoelcher à Fort-de-France.
La Carrière d’Enseignant de Félix Lorne
Après des études à l’École Normale de Fort-de-France (1923-1927), Félix Lorne devient instituteur. Son premier poste se situe à l'école du Pain de Sucre, avant de rejoindre l'école des garçons de Sainte-Marie, où il enseigne les mathématiques, le dessin, et l'éducation physique. Il refuse un poste de directeur dans une école du Nord pour rester près de sa communauté.
En parallèle de son métier d’enseignant, Félix est un sportif accompli et participe à la fondation du Club Samaritain, une institution sportive qui anime la vie de la commune.
Un Homme de Famille et de Communauté
Le 14 avril 1936, Félix Lorne épouse Carmen Desroses, avec qui il aura une fille. Malheureusement, cette dernière décède à l'âge de cinq ans, plongeant la famille dans le deuil.
En dehors de sa vie familiale, Félix joue un rôle actif dans la vie sociale et politique de Sainte-Marie. Il tient régulièrement un bureau de vote, garantissant l’intégrité du processus électoral dans une époque marquée par la fraude.
Le 3 Mars 1950 : Le Sacrifice Héroïque
Le 3 mars 1950 est un jour tragique qui marque à jamais l'histoire de Sainte-Marie. Ce matin-là, Félix Lorne organise une séance de natation pour ses élèves sur la côte de Sainte-Marie, près du tombolo. Alors que les jeunes s’échauffent sur le terrain de football avant de plonger dans la mer, les flots commencent à se déchaîner. Trois élèves sont emportés par les courants vers le large. Sans hésiter, Félix plonge pour les sauver.
Il réussit à ramener un premier élève, puis un second. Epuisé mais déterminé, il repart pour sauver le troisième garçon, Luc Lagaville. Malheureusement, la mer en furie empêche Félix de revenir à la surface. Les deux corps sont retrouvés deux jours plus tard derrière l’îlet de Sainte-Marie.
Un Héros Éternel de la Martinique
Le sacrifice de Félix Lorne ne passe pas inaperçu. Plus de 5000 personnes assistent à ses funérailles, un hommage digne du héros qu'il était. En reconnaissance de son courage, une stèle est érigée sur l'îlet de Sainte-Marie en 1951, suivie de l’inauguration d’un buste sur la place Félix Lorne en 1981.
Le ministère de l’Éducation nationale le cite à titre posthume à l'Ordre de la Nation, une distinction rare pour un instituteur.
Un Héritage Vivant à Sainte-Marie
Aujourd'hui encore, Félix Lorne est un symbole de bravoure et d'abnégation. L'école du Morne-des-Esses porte son nom, et le Comité Félix Lorne organise régulièrement des événements en son hommage. Ces manifestations visent à transmettre aux jeunes générations les valeurs humaines et morales qui ont guidé la vie de cet enseignant exemplaire.
Félix Lorne, par son dévouement à la jeunesse martiniquaise et son acte héroïque, est devenu une légende. Son histoire est un rappel poignant de la force du courage et de l'engagement communautaire. Sainte-Marie n'oubliera jamais son héros, dont la mémoire continue de vivre à travers les monuments et les événements organisés en son honneur. Son exemple inspire encore aujourd'hui, faisant de lui une figure intemporelle de la Martinique.