Laurent Valère

Laurent Valère est un artiste plasticien martiniquais, né le 26 septembre 1959 à Antony, en région parisienne. 

Bien qu’ayant grandi en France, il s’installe en Martinique en 1983, où il devient un acteur majeur du paysage artistique local à travers des sculptures monumentales et des installations qui évoquent l’histoire, l’écosystème et la mémoire collective de l’île.

Jeunesse et formation

Passionné par les arts plastiques dès l’adolescence, Laurent Valère s’initie de manière autodidacte au dessin et à la peinture. 

Après un DESS en droit des affaires en 1983, il choisit de consacrer sa carrière aux arts visuels, s’immergeant dans la vie culturelle martiniquaise. Sa première exposition date de 1980 à la Maison des Provinces de France à Paris, avant de poursuivre sa carrière en Martinique.

Premiers succès et évolution artistique

Dans les années 1990, son travail prend un tournant décisif avec la découverte d’un épisode tragique de l’histoire martiniquaise : le naufrage d’un bateau négrier au large du Diamant. 

Cet événement l’inspire pour créer en 1998 le mémorial Cap 110, un ensemble de quinze statues en béton armé érigées à Anse Caffard. 

Cette œuvre, sobre et symbolique, commémore l’abolition de l’esclavage et s’inscrit dans une réflexion plus large sur les droits humains et la dignité. Cette réalisation lui vaut le titre de Chevalier de l'Ordre National du Mérite en 1999.

Œuvres majeures et reconnaissance

Laurent Valère continue d’enrichir le patrimoine visuel martiniquais avec des œuvres emblématiques, notamment :

• Manmandlo (2004), sculpture monumentale immergée dans la baie de Saint-Pierre, symbole de la renaissance de la nature après l’éruption de la Montagne Pelée,
• Flags (2013), installation de six structures en bois lélé à Saint-Pierre,
• La Porte (2014), sculpture en béton au quartier Dillon, Fort-de-France, intégrant des éléments de la faune locale.

Il participe régulièrement à des expositions collectives dans la Caraïbe et sensibilise à travers son travail aux enjeux culturels et environnementaux de la Martinique.

Démarche artistique et engagement environnemental

L’œuvre de Laurent Valère explore la relation entre art et territoire. Il privilégie l’utilisation de matériaux locaux tels que le béton et le sable, donnant à ses sculptures une apparence crayeuse qui évoque la fragilité de la mémoire et la solennité des thèmes abordés. 

Par exemple, son projet Diamant Swamp (2011) intègre la mangrove comme cadre naturel dans une installation éphémère, invitant à réfléchir sur la préservation des écosystèmes.

Ses sculptures, souvent monochromes et d’une grande simplicité formelle, appellent à la reconnexion avec une histoire collective souvent indirecte mais poétique.

Prix et distinctions

Laurent Valère a reçu plusieurs prix dont le Prix de l’exposition des artistes d’outre-mer à Paris en 1992 et une récompense pour le concept le plus original lors du Antigua Art Show la même année. 

Sa carrière est marquée par une reconnaissance qui dépasse les frontières de la Martinique, où il continue de représenter avec force la culture et la mémoire antillaises.