Bahbou Floro

Bahbou Sébastien Floro, dit Bahbou Floro, est un artiste pluridisciplinaire martiniquais né à Fort-de-France. Issu d’une famille d’artistes, il développe très tôt un sens aigu de la création, mêlant dessin, installation et performance, avec une prédilection pour l’utilisation de matériaux recyclés. 

Son œuvre, ancrée dans l’espace urbain, se caractérise par une force provocatrice et une dimension contestataire qui interroge la société martiniquaise contemporaine.

Parcours artistique

Ayant grandi au cœur d’un environnement familial marqué par l’art et la musique, Bahbou Floro investit la rue comme lieu de création et d’expression. Ses installations et performances, souvent réalisées en extérieur, détournent des symboles populaires ou religieux pour interroger le rapport au pouvoir, à l’histoire et à la voix des populations martiniquaises.

L’un de ses premiers travaux est réalisé dans l’espace public du Prêcheur, marquant son inscription directe dans le paysage culturel et urbain martiniquais.

Œuvres et symbolismes

Son personnage central, inspiré du Nèg gwo siwo et de l’iconographie coloniale de Tintin au Congo, interpelle par son esthétique hybride et sa portée critique. Le poisson rouge qu’il place en guise de bouche incarne une parole étouffée : une voix qui ne porte pas assez, mais qui réclame d’être entendue, un appel à la prise de conscience collective.

En repoussant sans cesse les limites de la provocation artistique, il attire l’attention sur des sujets sensibles. L’une de ses performances les plus marquantes reste la recoloration en noir d’une statue du Christ, installée devant un hypermarché, recouverte d’un masque et d’un poisson rouge. 

Cette action, qui suscita l’indignation, traduisait son engagement à dénoncer les silences sociaux et religieux. Pour en expliquer la démarche, il alla à la rencontre de Monseigneur David Macaire, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France.

Héritage et positionnement

Bahbou Floro s’inscrit dans une lignée d’artistes militants antillais qui utilisent l’art comme outil de réflexion et de dialogue social. 

Son œuvre, oscillant entre provocation, mémoire et citoyenneté, participe activement à la redéfinition de l’art caribéen contemporain et à la valorisation de la créolité dans l’espace public.