L'Iguane des Petites Antilles

Un Trésor Endémique en Danger

Iguane des petites Antilles
En créole Iguane péyi
Iguana delicatissima
Reptile

L’iguane des Petites Antilles, également appelé iguane péyi, est l’un des reptiles les plus emblématiques de la biodiversité martiniquaise. Cet iguane endémique, qui autrefois prospérait dans tout le nord des Petites Antilles, fait désormais face à un déclin alarmant, étant classé en danger critique d'extinction (CR) par l'UICN. 

Découvrons ensemble cet animal fascinant, qui incarne à la fois la richesse naturelle et les défis de conservation de la Martinique.

Caractéristiques Physiques et Biologiques

L'iguane péyi se distingue par sa taille imposante, pouvant atteindre jusqu'à 1,5 mètre de long, queue comprise. Le poids des mâles peut aller jusqu'à 4 kg, tandis que les femelles pèsent environ 2,6 kg. Comme de nombreux reptiles, leur longévité est remarquable, avec une espérance de vie estimée entre 15 et 20 ans. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle à 2-3 ans, tandis que les femelles mettent un peu plus de temps, devenant matures à 3-5 ans.

Un Patrimoine Naturel en Déclin

Autrefois, les populations d’iguane des Petites Antilles occupaient une vaste zone, allant d’Anguilla jusqu’à la Martinique. L'île avait même reçu le nom amérindien de "IOUANACAERA", qui signifie l'île aux iguanes. Aujourd'hui, la situation est bien différente : la population d’iguane péyi a décliné de près de 70% et il a déjà disparu de plusieurs îles comme Saint-Martin, Antigua, Barbuda et Saint-Kitts. Sur la Basse-Terre, seuls quelques individus subsistent, mais ils ne forment plus une population viable.

Un Animal Herbivore aux Habitudes Singulières

Contrairement à l’apparence redoutable de cet animal à l’allure de dragon, l’iguane des Petites Antilles est un herbivore strict. Il se nourrit de feuilles, fleurs et fruits des nombreux arbres et arbustes qui peuplent les îles. Fait surprenant, cet iguane raffole des mancenilliers, des arbres toxiques pour les humains, mais inoffensifs pour ces reptiles. Grâce à ses puissantes pattes griffues, l’iguane péyi grimpe aisément dans les arbres pour se nourrir, et il est également un excellent nageur.

Variations de Couleur et Dimorphisme Sexuel

L'iguane péyi présente une palette de couleurs variées en fonction de l’âge, du sexe et du statut social. Les juvéniles arborent une couleur vert pomme brillante, qui s'assombrit avec l'âge. Les femelles adultes sont souvent de couleur verte ou brun-verdâtre, tandis que les mâles dominants affichent un gris foncé, parfois presque noir, avec une tête blanche caractéristique.

Le dimorphisme sexuel est également bien marqué. Les mâles se distinguent par la présence de pores fémoraux plus grands et des bosses à la base de la queue qui abritent les hémipénis, leurs organes sexuels. Ils déploient également un fanon sous la gorge, utilisé pour la communication et l’établissement de la dominance.

Habitat et Comportement

Les iguanes des Petites Antilles peuvent vivre dans divers habitats : des forêts humides aux îles sèches. Ils passent la majeure partie de leur temps dans les arbres, se déplaçant de branche en branche, et ne descendent à terre que pendant la saison de ponte. À mesure qu'ils vieillissent, les iguanes grimpent de plus en plus haut dans les arbres, tandis que les jeunes restent dans les buissons.

Leurs habitats préférés incluent des îles sèches comme l'îlet Chancel en Martinique ou Petite-Terre en Guadeloupe. Ils peuvent s'adapter à diverses conditions grâce à leur corps robuste et à leurs pattes griffues, qui leur permettent de creuser facilement des nids et de grimper aux arbres avec agilité.

Conservation et Menaces

Malgré sa robustesse, l’iguane des Petites Antilles est aujourd’hui menacé par l’introduction de l’iguane commun (Iguana iguana), qui hybridise avec l’iguane péyi et met en péril la pureté génétique de l'espèce. De plus, la déforestation et la dégradation des habitats aggravent sa situation déjà précaire.

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