Jocelyne Beroard

Jocelyne Raphaëlle Béroard est une chanteuse martiniquaise emblématique, figure majeure du zouk et voix féminine historique du groupe Kassav'. 

Née le 12 septembre 1954 à Fort-de-France (Martinique), elle grandit dans le quartier Petit Paradis à Schœlcher, au sein d'une famille martiniquaise où l'éducation et la culture occupent une place centrale. 

Par son interprétation en créole, ses textes et son engagement, elle contribue à faire du zouk un vecteur de créolité, de mémoire afro-caribéenne et de fierté de la diaspora antillaise.​

Parcours artistique

Issue d'un milieu stable, père chirurgien-dentiste, mère professeure d'anglais, Jocelyne Béroard est très tôt sensibilisée à la langue, à la musique et à la culture créole. 

À 18-20 ans , elle quitte la Martinique pour l'Hexagone, entreprend des études de pharmacie à Caen, avant de se réorienter vers l'École des Beaux-Arts à Paris, où la pratique artistique prend progressivement le pas sur le cursus universitaire.​

Dans les années 1970, elle débute comme choriste, se produit auprès d'artistes antillais et internationaux, puis collabore avec Bernard Lavilliers , Manu Dibango, Herbert Léonard ou encore le producteur jamaïcain Lee Perry, avec qui elle travaille en Jamaïque et enregistre notamment un titre avec le groupe Third World. 

En 1982, elle remporte le Concours de la chanson d'Outre-mer en interprétant le Concerto pour la fleur et l'oiseau de Marius Cultier, morceau devenu un classique du répertoire antillais.​

La même année, sa rencontre avec Jacob Desvarieux et les frères Décimus marque un tournant : ils recherchent une voix féminine pour un projet qui deviendra Kassav', groupe fondateur du zouk moderne. 

En 1983, Jocelyne Béroard intègre réellement Kassav', participe aux albums du groupe et impose une identité vocale singulière, mêlant puissance rythmique, douceur mélodique et enracinement dans la culture créole antillaise.​

Collaborations et réseaux

Avant et pendant Kassav', Jocelyne Béroard multiplie les collaborations avec des artistes de la Caraïbe, de la scène française et du monde afro-diasporique, comme Bernard Lavilliers, Manu Dibango, Lee Perry, Third World, les Gibson Brothers, ou encore des artistes antillais tels que Chris Combette, Jocelyne Labylle, Kali, L'Homme Paille ou Gilles Voyer. 

Cette circulation entre scènes caribéennes, afro-diasporiques et européennes nourrit un réseau musical où le zouk dialogue avec le reggae, le disco, la variété et d'autres musiques populaires.​

Avec Kassav' , elle se produit sur des scènes majeures en Europe, aux Antilles, en Afrique et dans la diaspora , participant à la diffusion planétaire du zouk à travers des tournées, des festivals et des concerts mythiques. En solo, elle donne des concerts marquants, notamment à l'Atrium en Martinique, à l'Olympia à Paris ou aux Folies Bergère, des lieux symboliques où la culture créole occupe le devant de la scène.​

Œuvres marquantes

En 1986 , Jocelyne Béroard publie Siwo, son premier album solo, entièrement écrit et chanté en créole, qui rencontre un immense succès aux Antilles et dans la diaspora, et lui vaut un disque d'or, une première pour une femme antillaise. 

Le titre Kolé Séré, repris en duo avec Philippe Lavil , devient un tube majeur, contribuant à la diffusion du zouk dans l'espace francophone et au-delà.​

En 1991, elle sort son deuxième album solo, Milans , porté par des titres comme Jilo Mayé ou Milans , qui consolide son statut d'autrice-interprète de référence et lui valent des prix d'interprète féminine de la SACEM Martinique et de RCI (Radio Caraïbes International). 

Son répertoire comporte également de nombreuses chansons au sein de Kassav', devenues emblématiques du patrimoine immatériel caribéen et régulièrement citées dans les mémoires musicales antillaises.​

Impact culturel et héritage

Jocelyne Béroard occupe une place centrale dans l'histoire de la musique antillaise, en tant qu'ambassadrice du zouk et figure féminine affirmant la légitimité de la créolité dans l'espace musical international. Son usage constant du créole, ses textes engagés sur la condition des femmes antillaises, la mémoire de l'esclavage et la dignité des peuples caribéens en font une voix forte de l'héritage afro-caribéen .​

Au-delà de la musique, elle est reconnue comme une famn poto-mitan, modèle de résilience et de courage, et s'engage dans des causes culturelles et humanitaires, notamment pour la défense du patrimoine mémoriel, du créole et des droits des populations d'Outre-mer. 

Sa trajectoire inspire plusieurs générations d'artistes de la Martinique, des Antilles et de la diaspora, qui voient en elle la preuve qu'une identité créole assumée peut rayonner à l'échelle mondiale.​

Cinéma et distinctions

À partir de 1992 , Jocelyne Béroard entame une carrière au cinéma , en jouant l'un des rôles principaux du film Siméon, réalisé par Euzhan Palcy, œuvre mêlant musique, mémoire et imaginaire caribéen. Pour cette interprétation, elle reçoit le Trophée Timi's de la meilleure actrice Afrique-Antilles, confirmant sa capacité à faire exister la culture martiniquaise au-delà du seul champ musical.​

Son engagement et son parcours sont reconnus par plusieurs distinctions officielles : elle est promue Officier de la Légion d'honneur en 2014 et Officière de l'ordre des Arts et des Lettres en 2020, et reçoit de nombreux prix de la SACEM Martinique pour ses qualités d'autrice et d'interprète. Ces reconnaissances institutionnelles entérinent la place de Jocelyne Béroard comme figure majeure de la culture française et caribéenne.​

Situation

Jocelyne Béroard est toujours en vie et poursuit une activité artistique et publique, entre concerts, participations à des événements et prises de parole sur la culture créole et les enjeux de mémoire. 

Elle reste une référence pour la diaspora antillaise, régulièrement invitée dans des festivals, émissions et projets mettant en lumière la Martinique, le zouk et les musiques de la Caraïbe.