Émile Désormeaux

Pionnier de l'édition aux Antilles-Guyane françaises

Émile Désormeaux dans une librairie en Martinique
© @

Émile Désormeaux est le pionnier en matière d'édition aux Antilles-Guyane françaises.

Comme le rappelait Jack Corzani, la première véritable maison d’édition n’est apparue aux Antilles qu’en 1971.

C’est la maison d’édition Désormeaux avec une véritable politique éditoriale, une infrastructure, des salariés, et surtout un conseil scientifique et un comité de rédaction composé des professeurs Jack Corzani et Jacques Adelaïde-Merlande, de René Achéen, Maurice Burac et Edouard Benito-Espinal.

Il a ajouté à ces chercheurs confirmés de jeunes intellectuels antillais, notamment deux futurs prix littéraires Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant.

Emile Désormeaux est le premier à avoir donné de la visibilité à des chercheurs du terroir et à de jeunes intellectuels antillo-guyanais notamment en publiant l’ »Encyclopédie antillaise » en six volumes.

Cette monographie dressait pour la première fois un tableau des Antilles : littérature, flore, faune, gastronomie, économie, démographie, histoire. Le succès est d’autant plus remarquable que Désormeaux est concurrencé par les grosses maisons d’édition parisiennes qui ouvraient alors des antennes dans les DOM.

Sa politique éditoriale balaie tous les champs de la connaissance scientifique et des traditions : histoire, littérature, environnement, santé, gastronomie, arts et traditions populaires...Le catalogue de la maison d'édition est riche et varié comme le montrent ces quelques exemples.

- « Antilles d’hier et d’aujourd’hui », une monographie en plusieurs volumes à destination des jeunes sur le modèle de « Tout l 'univers ».

Cette encyclopédie reprend l’ensemble de l’évolution de l’univers antillais, du début de la colonisation jusqu’à nos jours, en faisant appel à la fois aux chroniqueurs du passé et aux chercheurs modernes.

Cette série d’ouvrages aborde à la fois le milieu naturel des Antilles (faune, flore, vie marine) et histoire.
-Plusieurs monographies telles :

  • Guide pratique la famille créole,
  • La cuisine créole de A à Z,
  • L’univers guyanais
    Dictionnaire de la langue créole,
  • Histoire des Antilles-Guyane par l’image.
  • En 1978, il publie la thèse de Jack Corzani « La Littérature des Antilles-Guyane françaises» .
    Il a réalisé la première édition des oeuvres complètes d'Aimé Césaire avec la collaboration du fils de celui-ci, Jean-Paul.

Il a lancé une série de rééditions :
«Fab’ compè Zicaque» de Gilbert Gratiant ainsi que plusieurs ouvrages sur les Antilles au 19e s notamment les oeuvres de l'abolitionniste Victor Schoelcher et « Bug Jargal », roman de Victor Hugo sur la révolution haïtienne.

L'éditeur martiniquais, a publié des romans et récits, des contes et poésies (notamment le très célèbre «Pawol en bouch» de Hector Poullet), des ouvrages sur l’histoire et la littérature, des ouvrages scolaires ( en particulier deux ouvrages sur l'histoire de Jacques Adélaïde-Merlande), des ouvrages sur la culture antillaise et des encyclopédies.

L'œuvres qui sans doute révèle et couronne ces 40 années de travail acharné est sans doute son immense dictionnaire le « Dictionnaire Encyclopédique Désormeaux» édité de 1992 à 1999 sous la direction du professeur Jack Corzani.

C'est, jusqu'à aujourd'hui, le véritable ouvrage de référence sur les Antilles et la Guyane.

Parallèlement à ce travail éditorial, il a développé une presse locale d'information en créant Inter Antilles et Inter Antilles sport.

Emile Désormeaux a construit un véritable secteur économique autour du livre employant plus d'une vingtaine de salariés et comprenant :

  • Un pôle éditorial,
  • Une imprimerie,
  • Une librairie : lieu de rencontre des intellectuels martiniquais et caribéens et du grand public,
  • Un service de diffusion composé d'agents commerciaux sur les trois départements.

Tout ce travail a été réalisé sans avoir jamais demandé de subventions provenant de fonds publics ou d'appels au mécénat.

Emile Désormeaux a joué un rôle fondamental dans la construction de l'identité antillo-guyanaise. En effet, son but a été de faire connaître la culture antillaise.

                                                                              Anny Désiré, Conservateur de bibliothèque

Autres articles dans la même catégorie